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All at Once
5 décembre 2010

Am I Heartless ?

Des dizaines d'esquisses, de dessins, sur des feuilles froissées, abîmées, vieillies. C'est ce qui jonche le tapis de son salon. Elle a trouvé tout ceci dans un tiroir du bureau. Le bureau de John. En pensant à lui, le voilà qui rentre.Elle est en colère, se lève et court vers lui, des feuilles entre les mains. La voyant arriver, John ne sait quoi faire. Elle s'approche de lui.

-Qu'est ce que c'est ? Lui jette-elle, emportée par la colère et la déception qu'il lui ai caché tout ça.

-Tu le vois bien, ce sont des dessins. Où les as-tu trouvés ? L'interroge-t-il.

John lui en veut d'avoir découvert son travail.

-Figure-toi que j'ai rangé. Et que... ceci – elle montre les croquis- était dans ton tiroir ! Je pensais que c'était terminé les dessins ?

Des larmes emplissent les yeux de Barbara.

-Je sais, Barbara, je sais... Mais les as-tu regardé au moins ?

Barbara ne répond pas. Trop emportée, trop dépitée, agacée, elle ne les a pas regardés. John lui prend la main, et l'emmène au salon. Il contemple ses ébauches.

-Je sais que tu ne voulais plus de dessins, mais fais-moi plaisir, jettes y un coup d'œil... S'il te plait.

Barbara se tourne vers les feuilles éparpillées sur le sol.Elle les regarde, et finit par les contempler. Les croquis sont bons. Ils représentent surtout des femmes, ou des parcelles de corps féminins. Des mains, des bouches, des visages inconnues, des dos nus...

John se dirige vers le bureau et revient avec un gros carnet. Il s'assied par terre et l'ouvre à la première page :

Partie une, J. Miller

Il tourne la page. Un visage. Barbara s'approche, se reconnaît. Au fur et à mesure que John tourne les pages, elle n'en croit pas ses yeux. On la voit qui lit sur le canapé, puis qui se maquille devant le miroir de la salle de bains. La page suivante, elle se détache les cheveux, celle d'après, elles pleure devant un film.

Sur la plus grande esquisse est représentée une femme en robe de soirée. Elle est allongée sur le côté dans son lit, nous tourne le dos. Les draps sont défaits, ses cheveux étalés sur l'oreiller. Le dessin semble être une photo. Le trait du crayon est léger et lisse. Le geste ne s'arrête jamais, certain. Les courbes sont harmonieuses. On imagine la scène. Sur le papier se dégage une histoire. On parvient à sentir les odeurs qui emplissaient la pièce à ce moment-là, le parfum de la rêveuse, sûrement. On l'invente rousse, blonde ou brune et les couleurs paraissent ternes à côté du corps endormi, des cheveux formant une vague déferlante sur les épaules et le coussin. On a envie de chuchoter, de baisser la musique, de marcher sur la pointe des pieds de peur de perturber le sommeil de la femme assoupie. On fabrique les soupirs que fait le corps, les rêves que fait la tête. On se demande pourquoi elle porte une telle robe. Et puis, on regarde à côté du dessin, où une écriture minuscule et appliquée a inscrit : Barbara, 1er Janvier 2000.

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